Itinéraires de mathématiciens français prisonniers de guerre durant la Seconde Guerre mondiale.
Par Christophe Eckes, Archives Poincaré-Université de Lorraine.
Résumé : "Dans le cadre de cet exposé, nous entendons retracer, lorsque les sources le permettent, les itinéraires des mathématiciens suivants durant la Seconde Guerre mondiale : Roger Apéry (qui est libéré pour raisons de santé à l’été 1941 avant de s’engager dans la résistance) Henri Pailloux et Jean Kuntzmann (Oflag II D) £ Robert Mazet (Oflag IV D puis camp des aspirants) £ Bernard D’Orgeval (Oflag X B) £ Christian Pauc (Oflag XIII A puis XVII A) £ Jean Leray, Frédéric Roger et Jean Ville (Oflag XVII A) ainsi que Jean Favard (Oflag XVIII A). Nous reviendrons en particulier sur les sollicitations dont ils ont fait l’objet de la part de la puissance occupante, via Gaston Julia qui est alors en contact régulier avec ses collègues allemands Harald Geppert et Helmut Hasse. Certains de ces mathématiciens prisonniers de guerre deviendront recenseurs pour le Jahrbuch et le Zentralblatt dès 1941. Pailloux, Pauc et Roger accepteront en outre à l’automne 1942 d’être transformés en travailleurs civils en Allemagne, ce qui leur vaudra des sanctions à leur retour en France en 1945. Nous évoquerons également le rôle clef joué par Julien Desforge (ENS 1911, il appartient donc à la même promotion que Julia) s’agissant des universitaires prisonniers de guerre. Professeur de spéciales avant le déclenchement de la guerre, Desforge est fait prisonnier dans l’Oflag XIII A et il devient doyen de la Faculté des sciences au sein de l’université de ce camp. Libéré au printemps 1941 car père d’une famille nombreuse, Desforge devient à l’automne 1941 inspecteur général chargé de la question des prisonniers de guerre au sein du secrétariat d’Etat à l’Education nationale".