Antidote (Installation d’Evangelia Kranioti)
Du 6 octobre au 5 novembre 2014 / Espace Culture - Université Lille 1
De la matière à l’image virtuelle et des anciennes aux nouvelles technologies, Antidote est une installation interactive qui rapproche «tissage» et cinéma à travers le prisme du mythe. Ma recherche sur les débuts du cinéma, associée à mon intérêt pour l’évolution numérique des divers procédés du tissage, ont fait naître en moi l’idée d’un film brodé.
Point de départ d’Antidote est la figure tutélaire de Pénélope, à la fois la plus illustre et énigmatique tisserande de la mythologie grecque. Mon intérêt pour cet archétype puise ses sources dans mes origines, mais aussi dans un projet personnel de longue haleine sur la vie et l’intimité des marins méditerranéens à travers le monde. Car c’est après avoir étudié le rapport de ces hommes à l’errance et la mémoire, que je me suis progressivement intéressée à leur double féminin — celui que j’ai vaguement reconnu sous les traits des épouses de marins, lors de mes voyages.
Dans l’Odyssée, Pénélope tisse parce qu’elle sait que l’accès au mythos (discours des hommes), lui est d’emblée fermé. Sa toile constitue alors un langage essentiellement féminin, qui sonde le rapport au temps et surtout à la mémoire, sans cesse menacée. Mais quelle toile pourrait «tisser» une Pénélope contemporaine à l’ère numérique? Quel désir, quelle obsession, quelle histoire pourrait-elle raconter ?
C’est bien à elle que ce premier film brodé est dédié, ainsi qu’au fantasme d’Ulysse : Une femme espère le retour d’un homme qu’elle n’a pas revu depuis de longues années. Elle cherche son visage parmi d’autres, l’imagine, essaye de le reconstituer à travers la trame de sa toile et celle de sa mémoire. Mais ce visage se transforme, lui échappe comme de l’eau à travers les doigts, tour à tour en vieillissant ou en rajeunissant, étant ni tout a fait le même, ni tout à fait un autre. Placée sous le signe de la métamorphose, cette oeuvre brodée est un long fondu enchaîné d’une série de visages de marins, rencontrés lors de mes périples. Ces portraits deviennent ainsi le fil qui lie cette fiction à moi-même et mes recherches antérieures.
Production Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains
Equipe technique :
Guy Caudron (Arras Broderie Couture) : Broderie
Marc Baudin (Gilbon & Coroller) : Construction Machine
Tobias Muthésius : Construction Praxinoscope
Louise Kalfon, Faye Mullen : Improvisation chorégraphique
En partenariat avec Agnès b et la Maison Houlès
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