Francesco Severi et l’enseignement des mathématiques dans le secondaire. Science, politique et école dans la première moitié du XXe siècle
L’école italienne de géométrie algébrique a été formée à Turin sous la direction de Corrado Segre qui est devenu, entre 1887 et 1912, l’un des points de référence privilégiés pour les géomètres italiens. Parmi ses membres, on compte des mathématiciens de haut niveau tels que Gino Fano, Guido Castelnuovo, Federigo Enriques et Francesco Severi, ainsi que bien d’autres géomètres de renom. La grande importance des résultats scientifiques obtenus dans le cadre de cette école a fait passer au second plan l’engagement profus dans le domaine de l’enseignement secondaire des mathématiques. Ce n’est que récemment que l’on a commencé à évaluer cette contribution au niveau institutionnel, éditorial, méthodologique et épistémologique. Voici l’illustration de l’œuvre de Francesco Severi (Arezzo 1879 – Rome 1961) dans ce domaine, en l’insérant dans le contexte politique et institutionnel de la première moitié du XXe siècle. Les aspects que j’aborderai, à la lumière aussi des documents d’archives retrouvés, sont les suivants :
- la vision de l’enseignement des mathématiques et le rapport, d’abord de collaboration puis de conflit, avec Enriques £
- le rôle éphémère de Severi dans la direction de l’Association Mathesis (1909-1910) £
- les livres scolaires £
- la collaboration avec sa nièce Maria Mascalchi £
- les rapports avec Gentile et le fascisme, notamment en ce qui concerne les répercussions sur l’enseignement des mathématiques.
L’approche de Severi vis-à-vis des problèmes de l’enseignement des mathématiques est caractérisée par un! noyau de thèses partagées par les autres géomètres italiens qui plongent leurs racines dans la façon commune de concevoir la recherche mathématique et qui constituent un indice supplémentaire du caractère effectif d’école du groupe de géomètres italiens.