Mélancolie dans la culture
La mélancolie selon le pseudo-Aristote est encore une maladie physiologique, même si elle a des effets sur l’humeur et le comportement, et même si elle concerne avant tout la compétence des experts dans le domaine poétique, politique ou scientifique. L’Antiquité chrétienne, elle, s’intéresse plus à l’acédie – comme ambition spirituelle mise à l’épreuve – qu’à la mélancolie médicale (avec sa symptomatologie très schématique). C’est l’inculturation de la mélancolie antique dans la cité médiévale qui incitera la pastorale à considérer la mélancolie comme un élément d’appréciation de l’acte cultuel et moral. Mais il faut attendre l’anthropologie de la Renaissance – et son modèle angélologique ou démonologique (Dürer) – pour voir s’imposer une mélancolie à la fois infinitisée par l’angoisse chrétienne et progressivement humanisée ou franchement démocratisée (dont un point focal est le passage de la thématique de l’ensorcellement hétérogène à celui de la possession subjective) sans qu’il s’agisse encore directement de psychologie au sens moderne (même si le terme apparaît en 1588 dans un ouvrage révélateur pour notre sujet), jusqu’à l’apparentement avec l’universel travail de deuil.
Par Bernard Forthomme, Franciscain (Ordre des Frères Mineurs), professeur au Centre Sèvres (Paris VI).
Animée par Jean-François Rey.
Voir son article dans la revue Les Nouvelles d’Archimède n°58 : Infinitisation et démocratisation de la mélancolie
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