Métaphores, penser un monde en crise, corps, santé et ‘crisis’
Hippocrate et Thucydide : crise des anciens, crise des modernes
Par Vivien Longhi, Université de Lille, HALMA (Histoire, Archéologie et Littérature des Mondes Anciens) - UMR (Unité mixte de recherche) 8164.
L’intervention cherche à interroger l’apport des Sciences de l’Antiquité à une actualité en débat, en se focalisant sur la notion de κρίσις / crise, à laquelle il est tentant de conférer une origine grecque, comme à tant d’autres idées politiques. Or, s’il se développe bien dans la médecine hippocratique, le concept médical n’est toutefois pas immédiatement l’objet d’un transfert métaphorique vers la politique, comme des exemples pris chez Thucydide et d’autres penseurs politiques grecs permettront de le montrer. Les lecteurs contemporains, en revanche, reprenant à leur compte des réélaborations modernes de la notion, ont vu chez Thucydide le premier « historien des crises ».
Reconnaître le tyran à son corps : retour sur un procédé littéraire de caractérisation du mauvais gouvernement
Par Caroline Husquin, Université de Lille, HALMA (Histoire, Archéologie et Littérature des Mondes Anciens) - UMR (Unité mixte de recherche) 8164.
La communication se propose de remonter le fil, tout en démêlant l’écheveau d’une dichotomie entre discours littéraire et iconographie, de la construction de l’image du mauvais Prince et de son insertion dans le jeu de l’invective politique et de la discréditation de son gouvernement en donnant à voir ses perversions supposées. Le corps a servi aux auteurs anciens à qualifier les règnes à l’aune des relations entretenues avec les premiers ordres de la cité. Ainsi, étaient forgées, à ceux estimés comme étant de mauvais gouvernants, des réputations terribles d’impies, de fous et de sanguinaires. En partie héritées de procédés d’époque grecque, ces considérations ont été érigées en véritables signes devenus des topoi littéraires de la qualification de l’inaptitude au gouvernement via l’assimilation à la figure du tyran et/ou du monstre. Ces derniers, confinés à la folie et à la férocité, se voyaient affubler de défauts topiques, y compris physiques, en faisant des individus incapables de se régenter, soumis à leurs passions. Ces codes étaient alors compris de tous et n’avaient parfois même plus besoin de s’appuyer sur la vérité, ou de façon infime, pour demeurer signifiants.
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