CONFÉRENCE PLÉNIÈRE - Elisabeth Bautier
Le Colloque international Interactions langagières en classe et construction des savoirs dans les disciplines scolaires aura lieu les 6 et 7 octobre 2022 à l’Université de Lille sur le site Pont de Bois, à Villeneuve d’Ascq.
Pratiques langagières et inégalités scolaires
Elisabeth Bautier, Professeure émérite, Université Paris 8.,
Modératrice :
Oriane Gelin, Doctorante, Université de Lille, CIREL (Centre interuniversitaire de recherche en éducation de Lille).
Les modalités contemporaines d’enseignement (et d’apprentissage), fondées souvent sur des théories socioconstructivistes, l’objectif d’apprendre aux élèves à communiquer ou leur permettre de s’exprimer contribuent à construire des situations de classes où les échanges entre élèves ou entre élèves et l’enseignant occupent une grande partie du temps scolaires. On peut également ajouter à cette pluralité de causes, l’importance prise par l’apprentissage du travail en coopération ou collaboration qui conduit à valoriser l’organisation du travail des élèves en îlot et donc les échanges entre élèves.
Mais il s’agit également souvent de situations d’interaction dès lors très ambiguës ou floues dans leurs objectifs pour une partie importante des élèves, qui les interprètent en fonction de leurs habitudes langagières. Ils peuvent alors privilégier des usages du langage, plus habituels, communicatifs et expressifs au détriment des usages élaboratifs et cognitifs sollicités de façon le plus souvent implicite. Ils passent alors à côté des enjeux cognitifs de ces échanges (et des apprentissages qu’ils sont censés construire) du fait de leur manque de familiarité avec des pratiques de langage en effet plus souvent sollicitées qu’enseignées.
Dès lors, et indépendamment des didactiques disciplinaires, Il s’agit afin de réduire les inégalités scolaires et les difficultés d’apprentissage de penser les interactions visant des élaborations de savoirs comme relevant d’une nouvelle socialisation langagière et ce faisant sociocognitive, pour une partie des élèves, au moins. Dans cette perspective, toutes les pratiques discursives de classe ne se valent pas au regard des logiques de cadrage ou de classifications (Bernstein) mises en œuvre souvent insuffisamment contraignantes et claires.
L’enjeu de l’acquisition de pratiques langagières permettant les usages littératiés et élaboratifs du langage n’est pas réductible aux situations scolaires d’apprentissage, ces pratiques simultanément sociales et cognitives participent des processus d’émancipation des futurs adultes et de la compréhension de la complexité du monde qui les entoure.
Il est évident qu’il ne s’agit pas ici d’une critique des enseignants étant donné l’absence d’une réelle formation dans le domaine de la sociologie du langage et des difficultés d’apprentissages inhérentes à l’évidence de pratiques de langage comme étant construites socialement et donc non partagées par tous. Les conduites de classe telles qu’elles sont préconisées actuellement sont d’une grande difficulté à mettre en œuvre au quotidien, tout au moins si leur enjeu réside dans les apprentissages pour tous les élèves.
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