Les irem à travers les siècles
En 2068, nous fêterons tous ensemble le centenaire de la création des Instituts de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques (IREM). Les préparatifs de cet événement, qui vont bon train, nous donnent l’occasion d’évoquer ici quelques aspects de la préhistoire, de l’histoire, de l’actualité et de l’avenir d’un réseau à peu près unique en son genre. Les IREM sont nés dans le bouillonnement qu’a connu le monde de l’éducation après mai 1968. Mais ils étaient en gestation depuis une bonne dizaine d’années. Avec eux, l’enseignement des mathématiques devenait un domaine de recherche à part entière. La formation continue entrait enfin dans les mœurs. Les enseignants, de la maternelle à l’université, avaient désormais accès à des ressources très importantes. Chercher, former et diffuser : tels ont toujours été les trois grands axes de l’action des IREM. L’originalité de cette action tient pour beaucoup au principe du travail collaboratif, à la fois théorique et expérimental, associant des intervenants de toutes catégories et de toutes disciplines : du professeur des écoles au chercheur, en passant par l’universitaire ou l’inspecteur ; mathématicien, didacticien, historien des sciences, épistémologue ou philosophe, mais aussi, et de plus en plus, physicien, informaticien, biologiste, littéraire... Les IREM sont très souvent cités pour leur contribution à l’amélioration de l’enseignement des mathématiques. Le récent rapport Villani-Torossian souligne leur « rôle crucial » et prône « une réelle montée en puissance des Irem ». Hélas, les auteurs restent muets sur les moyens nécessaires à une telle montée en puissance. Si le ministère de l’Éducation nationale a doté les IREM de moyens très importants lors de leur création et dans les quelques années qui ont suivi, la situation a bien changé depuis et le travail accompli actuellement dans le réseau relève pour une grande part du pur bénévolat. Mais les professeurs de mathématiques tiennent à préserver cet outil exceptionnel et il ne fait pas de doute qu’ils continueront à le porter à bout de bras, contre vents et marées.