La mémoire biologique
Par Frédéric Méry, Chercheur au laboratoire Évolution, génomes et spéciation, CNRS, Gif-sur-Yvette.
Au XXème siècle, les études sur le comportement animal ont essentiellement été guidées par une vision innée du comportement transmis intégralement de génération en génération. Or, la possibilité pour un individu de modifier son comportement au cours de sa vie et d’agir en fonction d’informations mémorisées est une facette fondamentale de la biologie.
Ces dernières décennies, un nombre croissant d’études a abordé les aspects écologiques et évolutifs des processus cognitifs. La mise en évidence de différences de capacités de mémorisations entre certaines espèces proches voire entre populations d’une même espèce a permis de proposer un lien entre l’évolution de ces capacités et l’environnement dans lequel vivent les organismes, ainsi qu’une analyse des coûts et des bénéfices de l’apprentissage sur la valeur sélective des individus.
Malgré de nombreuses critiques, cette approche, souvent décrite comme "écologie cognitive" a connu un certain essor tant au niveau empirique que théorique. Comprendre l’évolution de la plasticité comportementale, c’est comprendre non seulement comment les individus s’adaptent aux variations du milieu dans lequel ils vivent mais aussi comment cette plasticité peut jouer un rôle sur l’évolution des espèces. La mémoire, processus de stockage et de dégradation des informations, est au centre de cette problématique.
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