Regards français sur les réunions des savants italiens (1839-1848)
Les études menées sur les congrès internationaux de scientifiques, et singulièrement de mathématiciens, ont montré combien, au-delà de leur ambition internationalistes, étaient également un lieu de compétition entre nations, où le désir de faire briller son pays d’origine par la science prenait souvent le pas sur l’universalisme affiché.
L’étude des congrès nationaux de scientifiques dans la première moitié du XIXe siècle a souvent été lue à la lumière de la construction des grandes nations européennes, et particulièrement en Italie où l’État-nation n’était encore, au moment de la première réunion des savants italiens en 1839, qu’une perspective assez lointaine. Les premiers historiens à s’être penchés sur le sujet ont largement souligné, et parfois surestimé, la dimension nationale de ces manifestations. Des travaux plus récents tendent à remettre au premier plan la valeur scientifique de ces rencontres, où les échanges furent souvent d’un bon niveau et qui furent tout sauf un prétexte à des réunions politique. Notre ambition sera ici de montrer qu’au-delà de la dimension nationale, ces réunions furent d’ores et déjà l’occasion de circulations de savants à l’échelle européenne, à travers le cas de la présence des Français aux réunions des savants italiens avant l’unification nationale et de leur regard sur leurs confrères italiens. Comment la science italienne est-elle perçue par les Français qui se rendent à Pise, Turin, Florence, Padoue, Lucques, Naples, Gênes, Venise et Palerme entre 1839 et 1848 ? Quelle image en est rendue dans la presse scientifique et généraliste française ? Quels échanges et quelles circulations avec les congrès savants organisés en France dans le même temps ? Quelle perception les Français ont-ils, enfin, de la naissance de la nation italienne, et de son lien avec l’action des scientifiques ? Voici quelques uns des aspects qui seront évoqués dans cet exposé dont la vocation première sera de resituer des réunions présentées comme nationales dans leur contexte transnational.