Mémoire(s) du climat
À l’échelle de la Planète, le climat est le produit du système d’interactions entre l’atmosphère, l’hydrosphère, la cryosphère, les surfaces continentales et la biosphère. Aux échelles de la perception humaine, il est défini et décrit comme les conditions moyennes et les fluctuations et les extrêmes des variables météorologiques sur une période d’au moins trente ans (la « normale » au sens de l’Organisation Météorologique Mondiale) ; il est en cela le produit d’une mémoire entretenue depuis un siècle et demi par les organisations météorologiques.
La conscience d’une évolution naturelle du climat et du changement climatique d’origine anthropique ont conduit à rechercher les moyens d’étendre la mémoire du climat bien au-delà de cette courte période pour laquelle on dispose de données météorologiques, en interrogeant les archives historiques, les apports de l’archéologie ou les données dites « proxy » que fournissent la végétation, les glaciers ou les séries sédimentaires. Toutes ces données comportent des biais ou des insuffisances en matière de résolution spatiale et surtout temporelle qui nécessitent de grandes précautions dans l’interprétation et la comparaison avec l’évolution du climat actuel suivie par des modèles de plus en plus élaborés. Mais elles ont, ou ont eu aussi le grand intérêt d’associer l’évolution du climat à d’autres aspects de l’histoire longue de notre planète et de l’humanité, à l’échelle du millénaire et du million d’années. Nous l’illustrerons plus particulièrement par l’exemple de l’histoire des glaciers et par l’apport des archives glaciaires à la compréhension des liens entre climat et composition de l’atmosphère terrestre.
Claude Kergomard, est géographe et climatologue. Il a été enseignant-chercheur à l’Université des Sciences et Technologies de Lille de 1978 à 2003, puis professeur à l’École normale supérieure de Paris de 2003 à 2013, où il a dirigé le département de géographie et co-dirigé le CERES (Centre d’Enseignement et de Recherches sur l’Environnement et la Société).
En partenariat avec la Société des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille (SSAAL)