Les transitions à la lumière de l'histoire de nos valeurs et de nos fonctionnements
Les thèses ne manquent pas pour expliquer le surgissement du capitalisme et ses conséquences. Il suffit de se replonger dans les propositions de Bernard de Mandeville (1670-1733), philosophe et médecin des passions de l’âme. Notamment, celles contenues dans un de ses textes aussi important que peu connu, ses Recherches sur l’origine de la vertu morale (1714). Écrit à l’aube de la première révolution industrielle, en complément de la fameuse Fable des abeilles, ce texte-clé apparaît comme le logiciel caché du capitalisme car ses idées ont infusé toute la pensée économique moderne, d’Adam Smith à Friedrich Hayek.
Fini l’amour du prochain ! Il faut désormais s’en remettre à ceux qu’il appelle les « pires d’entre les hommes », ceux qui veulent toujours plus quels que soient les moyens employés. Trois siècles plus tard, il s’avère qu’aucune autre idée n’a autant transformé nos vies. Le monde est infiniment plus riche. À ceci près que le prix à payer pour un tel prodige est exorbitant : aggravation considérable des inégalités et altération inexorable des conditions de vie sur terre. Des impasses qui obligent aujourd’hui à reconsidérer l’utopie capitaliste et à envisager des scénarios de transition.
Nicolas Postel et Dany-Robert Dufour converse au nom des transitions, pour comprendre les itinéraires possibles de celles-ci en fonction de ce que nous lègue l’histoire.
Philosophe, professeur honoraire des universités, Dany-Robert Dufour travaille sur les fondements de la culture et ses transformations. Ses deux derniers livres sont parus chez Actes Sud, Baise ton prochain - Une histoire souterraine du capitalisme (2019) et Le Dr Mabuse et ses doubles (2021).
Nicolas Postel est professeur de sciences économiques à l’Université de Lille. Ses travaux et écrits portent sur l’histoire des pensées économiques, de l’éthique, de la responsabilité sociale et environnementale.