Conférence organisée par les RT4, RT6, RT7 et RT48 de l’AFS.

À distance des discours médiatiques sur la crise de la Covid-19, des membres des RT 4, RT6, RT 7 et RT 48 croisent leurs regards, systématiquement nourris par des enquêtes qualitatives, sur les changements dans les expériences sociales ou les renforcements des rapports sociaux induits par la crise de la Covid-19, notamment, mais pas exclusivement, à travers l’épisode des injonctions sociales au confinement.

Cette semi-plénière envisage la crise comme un possible fait social total. Le concept maussien est ici compris dans un sens heuristique considérant que le virus aurait des impacts à différents niveaux interconnectés sur plusieurs plans : économique (impact sur les revenus et ressources), symbolique (significations de l’aide, rapports aux institutions, perception du risque) et pratiques sociales (reconfiguration des réseaux d’aide, échanges entre professionnels, familles et aidants de personnes en perte d’autonomie ou en situation de handicap, relations familles-école). Cette hypothèse explore trois institutions : l’école, la famille et l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).

Une enquête nationale par questionnaires, puis par entretiens, auprès de parents d’élèves et d’enseignant·es. menée par le RT4 actualise les questions sociologiques de la relation Ecole-familles. Pendant le confinement, les familles populaires ont passé plus de temps dans l’accompagnement scolaire de leurs enfants. Cependant, les analyses sur la nature de ces relations montrent que les inégalités éducatives traditionnelles non seulement se sont perpétuées, mais elles se sont aussi amplifiées (attentes pédagogiques invisibles et implicites du travail scolaire).
Au sein du RT48, des entretiens hebdomadaires menés de mars à mai 2020 avec 18 familles de classes populaires, moyennes et supérieures, cherchent à mieux comprendre « ce qui change » et « ce qui ne change pas ». Ce sont les rapports sociaux de genre, de classe, et donc les expériences des inégalités sociales, qu’il s’agit de décrire et de comprendre sur le plan du maintien en emploi et de la poursuite de la carrière professionnelle, en particulier pour les femmes ; sur le plan de l’organisation du travail et de son articulation avec les engagements familiaux ; sur le plan de l’éducation et de la continuité pédagogique.

L’enquête COVIDEHPAD a été menée dans 51 établissements dans 6 régions durant la « première vague ». Son objectif était d’objectiver la diversité des situations et de rendre visibles les manières dont les professionnels et résidents se sont efforcés de faire face à cette crise. Les directions et les équipes ont produit un important travail de recomposition de leurs activités. Nous proposons d’exposer et de discuter la manière dont la Covid19 s’est fait le révélateur de certaines dimensions de l’institutionalisation en EHPAD mais aussi le catalyseur de reconfigurations à l’œuvre dans la prise en charge/en compte des fins de vie.

Enfin, une post-enquête sur les proches aidants (RT6 et RT7) se concentre sur deux types de situation. D’un côté, la crise sanitaire liée à la Covid-19 agit comme un révélateur des situations de dépendance et mobilise une vigilance accrue dans la population générale qui avive le souci de l’autre, bouscule les systèmes d’entraide entre proches et initie de nouvelles pratiques solidaires au sein des familles et des voisinages. D’un autre côté, un effet de la crise peut être d’accentuer l’isolement et la ségrégation volontaire de certains aidants dont la stratégie d’autonomisation à l’égard des services collectifs (publics, non marchands et marchands) s’est vue confortée lors de la crise sanitaire.

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