Sociologues en changement : frontières et bifurcations professionnelles
Conférence organisée par Comité Exécutif de l’AFS.
La question du changement se trouve au cœur du travail des sociologues qui, quel que soit leur objet de recherche, doivent prendre leurs distances vis-à-vis du sens commun pour tenter d’objectiver la part de transformations réelles et de continuités, par-delà la célébration du « nouveau » ou la nostalgie d’âges d’or mythifiés.
Mais si le changement travaille les objets des sociologues et leurs méthodes, il concerne également leurs trajectoires professionnelles. Dans un contexte de pénurie de postes d’enseignant·es chercheur·es titulaires, de forte compétition entre jeunes docteur·es sommé·es de faire la preuve de leur « excellence », et plus largement de questionnement des débouchés des études de sociologie, il semble utile de rappeler que les voies qui conduisent à la sociologie – ou qui en repartent – sont multiples, et que cette diversité des trajectoires contribue à faire la richesse de notre discipline.
Selon l’adage bien connu, « la sociologie ne vau[drait] pas une heure de peine si elle ne devait avoir qu’un intérêt spéculatif ». Ainsi les sociologues participent de fait au changement social par leur activité de création de connaissance. Mais il faut également souligner que les sociologues connaissent eux-même des changements !
Cette table-ronde donne la parole à différent·e·s sociologues qui ont en commun d’avoir connu une « autre vie » avant, pendant ou après l’enseignement et la recherche académiques, d’avoir intégré des espaces socio-professionnels où les savoirs sociologiques peuvent être ré-investis ou, au contraire, d’avoir importé dans l’espace de la sociologie académique des ressources acquises dans d’autres espaces sociaux.
En revenant sur leurs trajectoires respectives, il et elles tenteront de présenter et d’analyser les raisons et les dynamiques ayant entraîné ces bifurcations professionnelles et biographiques ainsi que les conditions de possibilité de ces changements, leurs implications et les obstacles rencontrés durant leur traversée des frontières sociales/professionnelles. Nous tenterons aussi de nous interroger sur ce que ces bifurcations font au regard sociologique et à la production de savoirs pour les sociologues concernés. Qu’en est-il des effets de ces bifurcations sur « l’habitus disciplinaire » et l’ethos sociologique ? Quels possibles conflits internes portent-elles en germe ? Quels types de ressources permettent-elles en revanche de générer, sur le plan professionnel et scientifique ? Enfin, qu’est que ces bifurcations permettent-elles de dire des logiques qui travaillent l’espace de la pratique sociologique en France, et de la diffusion des savoirs sociologiques au-delà de la sphère académique ?
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