Les catégories d’analyse à l’épreuve d’une sociologie du changement : migrations/mobilités, réseaux sociaux, genre-classe-race
Conférence organisée par les RT2, RT24 et RT26 de l’AFS.
Dans quelle mesure les changements sociaux – d’échelle en particulier – affectent-ils le monde social et les manières de l’analyser ? Qu’est-ce qui résiste au changement et qu’est-ce qui est déplacé ou bouleversé ? En sociologie, certaines catégories d’analyse restent profondément enracinées mais d’autres se (trans)forment et changent les façons de penser les temps, les espaces, les migrations, les mobilités, les réseaux, les rapports sociaux… Si le nationalisme méthodologique a embué nos lunettes de sociologues et figé bien des catégories institutionnelles ou institutionnalisées, un décentrement du regard suppose une forme de « transnationalisme » méthodologique dans les études portant sur les migrations/mobilités (RT2), les réseaux sociaux (RT26) et l’imbrication des rapports sociaux de sexe, race et classe (RT24). L’enjeu est alors de saisir en quoi le changement a des effets ambivalents et (dis)continus sur les objets d’étude que nous cherchons à faire dialoguer sur les plans empirique et théorique, méthodologique et épistémologique.
Pour prendre l’exemple des migrations/mobilités, les catégories sont ballottées au rythme des fermetures et des ouvertures : du « migrant en bas de chez soi », au « migrant numérique » transnational, passant par ces migrants enfermés dans les espaces aux portes des États (en mer, prison à ciel ouvert, zones de transit…).
Du côté des rapports sociaux, les catégories de sexe-classe-race sont soumises à un double mouvement de rappel à l’ordre et de trouble relatif qu’il convient de mettre en relation pour caractériser la réalité des changements en cours. Sur le long cours, l’antiracisme légal et la négation de la race constituent deux changements institutionnels profonds qui ne changent rien à l’évidence que la race « n’existe pas » mais « produit des morts » (Guillaumin, 1981), à travers notamment les violences policières meurtrières ou les politiques migratoires mortifères.
En sociologie des réseaux, le changement peut être saisi comme une variable dépendante ou indépendante. Les travaux sur les dynamiques des relations sociales et des réseaux ont montré le rôle multiple des temporalités qui opèrent aux échelles microsociales comme macrosociales (Bidart et Grossetti, 2018). Les parcours biographiques et les mobilités spatiales ou sociales sont largement configurés par les relations et réseaux personnels (Bidart et al., 2011), de même que les carrières professionnelles (Cabanac et al., 2015 ; de Verdalle, 2018).
C’est pourquoi nous proposons une semi-plénière qui confrontera les (dis)continuités des catégories d’analyse que nous mobilisons dans notre travail ordinaire autour de notions communes à nos trois RT, à savoir les temporalités, les spatialités et les niveaux d’échelle. Nous montrerons ainsi en quoi nos approches ont participé d’un renouvellement des questionnements et des objets d’étude qui nous permettent d’appréhender autrement nos terrains et, plus généralement, le monde social.
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