Engagement des jeunes militants sur des causes environnementales : rupture et/ou convergence générationnelle ?
Conférence organisée par les RT15, RT21 et RT38 de l’AFS.
Plusieurs travaux ont rendu compte ces dernières années d’un renouvellement générationnel sur la question du rapport des jeunes à la politique et à la démocratie (Tiberj, 2017 ; Lardeux, Tiberj, 2021 ; Norris, 2011 ; Muxel, 2016). La défiance envers la politique traditionnelle dont témoigne une part grandissante des jeunes serait tout autant le signe d’une désaffection durable avec la démocratie représentative que la résultante d’un rapport différent à la politique qui passe par d’autres moyens d’action et d’expression. Les jeunes peuvent donc aussi être les porteurs d’autres aspirations démocratiques vers plus d’horizontalité (Pleyers, Capitaine, 2016), vers plus d’inclusivité, vers plus de participation, alors que les cohortes anciennes resteraient encore marquées par une « citoyenneté de déférence » et de remise de soi aux élites sociales et politiques (Tiberj, 2017). Tout en étant plus engagés dans des domaines qui dépassent les limites de la politique institutionnelle et plus contestataires des figures d’autorité et des normes, les enjeux qu’ils portent apparaissent eux-mêmes beaucoup plus larges que ceux de leurs aînés (réchauffement climatique, solidarité internationale) (Inglehart, 2018). D’autres travaux tendent néanmoins à nuancer ce constat : des modes d’organisation qui sont souvent présentés comme des nouveautés, telles les formes « assemblée », « collectif » et « coordinations », héritières de la tradition estudiantine post-68 (Levy, 2001; Le Mazier, 2015) ou les différentes ZAD et installations collectives en milieu rural, puisant leurs racines autant dans le phénomène du « retour à la terre » des années 1960-1970 (Stuppia, 2008; Rouvière, 2015) que dans la mouvance autonome des années 1970-1980 (Schifres, 2004; Verdier, 2018).
Abordées sous l’angle de l’âge et de la génération, les formes contemporaines d’engagement sur des causes environnementales donnent à voir différents enjeux sous-jacents au rapport à la politique et à la démocratie des nouvelles générations : du point de vue organisationnel d’abord, dans un contexte où les acteurs de ces mobilisations se posent régulièrement en modèle alternatif des structures associatives préexistantes, ces engagements interrogent les différentes zones de porosité et/ou d’opposition entre anciens et nouveaux collectifs intervenant sur la protection de l’environnement : quels sont les relais, les continuités ou les ruptures avec des structures associatives plus traditionnelles ? A l’heure de la pandémie de la Covid 19, ces systèmes de relation ou d’opposition ont-ils connu des transformations pour répondre aux enjeux du « monde de demain » auquel aspirent, sous des manières très diverses, les jeunes militants engagés sur ces différentes causes environnementales ? En matière de socialisation politique, quels sont les éléments de continuité ou de rupture que l’on observe en termes de transmission générationnelle d’un capital politique et militant et dans quelle mesure les inégalités d’accès à la participation politique se trouvent-elles prolongées ou à l’inverse atténuées ?
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