Ouverture du colloque et "La ville nouvelle sous le regard d’une nouvelle génération"
La ville nouvelle a passé un demi-siècle. Déjà ! Laboratoire de l’urbanisme dans les années 1970, à la fois instrument d’une politique nationale et porteuse d’un destin singulier, elle devient une ville comme les autres en 1983. Comme les autres ? Certes, l’établissement public d’aménagement est dissous et la municipalité retrouve sa pleine autonomie, mais la ville est là, dans son être (avec ses quartiers, ses habitants et sa vie associative), comme dans sa forme issue de la réflexion et de la créativité de ses concepteurs, avec ses atouts (espaces verts, innovations architecturales dans nombre de programmes de logements, nouveau mode de transport, …) mais aussi des héritages plus difficiles à assumer.
Notamment, il y a cette conception soutenue par la diffusion de l’automobile et l’enthousiasme suscité par sa démocratisation, dans les années 1960 et 1970, qui guident une organisation urbaine marquée par de grandes infrastructures. Elles relient mais simultanément fragmentent ce territoire et les aléas de la planification – qui imposeront une autoroute urbaine nord/sud à la place d’un boulevard urbain – en ont accentué les effets. Les enjeux de l’insertion du VAL, système de transport innovant dans les années1980 et marqueur du territoire métropolitain, soulignent eux aussi, à leur manière, l’attention des populations aux nuisances des infrastructures tout autant que les apports en termes d’accessibilité.
Les trois noyaux urbains préexistants (Ascq, Annapes, Flers) participaient également de la complexité initiale mais ont sans doute aussi contribué à la consolidation urbaine et sociale (tissu associatif, commerces, services…) de la ville nouvelle et donc à son succès, par rapport à d’autres. Quel regard peut-on aujourd’hui porter, avec le recul de l’histoire, sur ce demi-siècle d’évolution, d’une ville en mouvement ? En effet, la ville nouvelle n’est pas restée inerte et figée pendant tout ce temps comme en témoignent les épisodes les plus récents, de la réalisation du Stade Pierre Mauroy à la restructuration en cours du centre-ville…
Surtout, face aux nouveaux enjeux climatiques, face à la question démographique du vieillissement de la population, face aux attentes dans le champ des mobilités et du numérique, mais aussi face à l’obsolescence de certains équipements et à l’évolution des modes de vies qui questionnent aujourd’hui les villes, quelles perspectives, quelle prospective Villeneuve-d’Ascq peut-elle offrir dans l’idée d’une transition urbaine ?
À travers une mise en perspective de ce demi-siècle d’évolution, il s’agira donc surtout de réfléchir aux processus d’adaptation aux nouveaux enjeux de la ville. En partant du cas Villeneuve d’Ascq, et d’autres exemples – dont Louvain-la-Neuve, sa voisine belge, qui a elle aussi récemment célébré ses 50 ans – c’est aussi une confrontation des modèles urbains à travers l’histoire de l’urbanisme que l’on se propose de souligner : entre le modèle normatif de la ville nouvelle des années 1960-1970, articulé à la croissance des « Trente glorieuses » et celui de la « ville durable » et de la « transition urbaine » qui reste encore à inventer.
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