Table ronde : Vers un cerveau artificiel ?
Pourquoi l’ordinateur n’a-t-il pas de parole ?
par Philippe Breton, Professeur des Universités,?Centre Universitaire d’Enseignement du Journalisme,?Université de Strasbourg.
Le projet de construire une « intelligence artificielle » dotée d’une parole équivalente à celle d’un être humain n’a pas connu jusqu’à présent le moindre commencement de réalisation. Ne relève-t-il pas en effet du champ de la croyance ? Cela renvoie à la question de savoir si la parole humaine ne doit pas sa spécificité et son altérité radicale au fait que, précisément, elle s’ancre dans une corporéité biologique, celle-là même dont l’intelligence artificielle entend justement se débarrasser.
Le test de Turing aujourd’hui
Jean-Paul Delahaye, Professeur émérite à l’Université Lille 1, Chercheur au Laboratoire d’Informatique Fondamentale de Lille.
Le test de Turing, proposé par Alan Turing au début des années 1950, a pour fonction de déterminer si une machine pense ou ne pense pas. Sur quelle idée est basé ce test ? Est-il un bon test ? Est-ce qu’aujourd’hui des machines (ou systèmes informatiques) sont en mesure de passer le test ?
Philippe Gallois, Neurologue, Faculté Libre de Médecine, Lille.
Avec l’ « Human Brain Project » visant à modéliser le fonctionnement du cerveau humain, les neurosciences entrent dans la cour des grands. Elles rejoignent ainsi la biologie moléculaire dans son entreprise de décryptage du génome humain ou encore la physique fondamentale dans sa quête du boson de Higgs. Il est vrai que le développement des atlas et bases de données sur le cerveau humain, d’une part, et les avancées dans les techniques de l’information et de communication ainsi qu’en neuroinformatique, d’autre part, donnent une certaine cohérence au projet. Cependant, cette recherche ne devra pas perdre de vue une caractéristique fondamentale du cerveau humain : la neuroplasticité. Par ailleurs, elle devra prendre en compte la critique de l’intelligence artificielle forte faite par Roger Penrose, qui proclame que la pensée n’est pas algorithmique. Enfin, elle devra affronter ce que David Chalmers appelle le « hard Problem », c’est-à-dire la dimension subjective irréductible de la conscience.
Animateur : Dominique Boury
suivie d’un débat en présence de Peter Ford Dominey
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