La crise de l’État providence / Journée d’études : Pendant la crise, les crises continuent … (Table ronde)
Je voudrais indiquer, à défaut de pouvoir le prouver, la relation qui existe entre ce que l’on appelle aujourd’hui « la crise » qui s’est déclarée à l’automne 2008, et la crise de l’État Providence qui a commencé à se manifester il y a une trentaine d’années. Ce qui advient au niveau de la finance renvoie à ce qui s’est passé au niveau de « l’économie réelle » et des principes de régulation qui encadraient le développement du capitalisme. L’État Providence ou l’État social est la clef de voûte de ces régulations. On peut donc faire l’hypothèse – qui, à mon sens, est davantage qu’une hypothèse – que la dimension financière de la « crise » actuelle trouve une bonne part de son origine dans l’affaiblissement des dispositifs régulateurs qui avaient été montés dans le cadre de l’État social. Robert Castel / Mutation de l’État social - « Crise de l’État providence » : cette expression prend pour
acquis que crise il y a et que, si crise il y a, les docteurs sont appelés au chevet du malade dans cette « phase décisive de la maladie ». C’est faire bien peu de cas d’une mutation, terme sans doute plus exact que celui de crise, dans tous les domaines de la vie des individus. Une mutation anthropologique, de la famille patriarcale aux institutions, du travail industriel aux travaux serviciels ou cognitifs, perturbe l’État social inclus dans un espace national, lui-même devenu incertain entre supra-nationalité et localité. Tous les repères de l’État social sont désormais en suspens, en attente d’une reconstruction institutionnelle qui perturbe les identités de chacun. S’y joue l’avenir d’un nouvel état social. Bernard Eme / Comment analyser et nommer les transformations actuelles
de l’État, lisibles dans une activité législative, considérable autant que radicale, et tout entière marquée par la destruction de droits et par la construction, à travers ces lois, dans la société, de catégories particulières ? État de séparation, en lieu et place d’un État pour tous ? Jacques Lemière /Qu’entend-on par État social ? On invite à en retenir une définition large qui englobe quatre piliers : la protection sociale, les régulations du travail (droit du travail, négociation collective, etc.), les services publics et les politiques économiques (budgétaire, monétaire, commerciale, industrielle, des revenus, etc.) de soutien à l’activité. Cette définition permet de saisir la portée de la rupture intervenue au XXème siècle : nous ne vivons pas dans des économies de marché, mais avec du marché et de l’intervention publique. L’État social n’a pas disparu. Avec la crise du néolibéralisme, on peut même lui prêter un bel avenir. Christophe Ramaux
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