Territoires forestiers, territoires des forestiers ? (Débat avec la salle)
Qu’entend t-on par territoire forestier ? Doit-on le réduire à l’influence et au travail des aménageurs et techniciens en liaison avec une approche marchande qui s’est développée surtout depuis le XXe siècle ? L’essor des activités récréatives, des politiques de protection, du maintien de certaines pratiques ou modes de vie traditionnels nous invitent à une perception poly-fonctionnelle du territoire forestier. Cette conception met en scène des acteurs variés aux initiatives multiples et très évolutives. Dans cet état d’esprit, il est souvent difficile de réduire le rôle de la sphère technicienne aux seuls aspects productifs des forêts. Comment se manifeste cette vision poly-fonctionnelle et quelles en sont les concrétisations dans l’espace ? Est-on sur des territoires fortement marqués par le zonage, auquel cas la diversité des fonctions se traduit par une spécialisation spatiale par usage dominant ? A t-on plutôt des approches globales où les différents usages cohabitent sur le même espace. Dans tous les cas et au-delà de ces questions, il est impossible de considérer les forêts uniquement comme une ressource naturelle. Elles sont des ressources variées dont l’ampleur de la mise en valeur dépend de l’intentionnalité des divers acteurs. Dans quelle mesure peut-on transposer notre propos aux différentes parties du monde ? N’est-on pas sur une approche trop résolument occidentale et anthropocentrée ? Comment le regard des autres cultures vient-il enrichir et bouleverser cette approche des territoires forestiers ?
ès avoir abordé les rétrospectives et retracé les itinéraires empruntés par la biogéographie au cours du XXe siècle, le dernier thème du colloque prendra une dimension prospective et réflexive pour cette spécialité. Compte tenu de ses héritages et de ses spécificités, nous nous interrogerons sur les devenirs scientifiques et pédagogiques envisageables pour la biogéographie à l’aune du XXIe siècle. Aujourd’hui, les travaux de nombreux biogéographes portent sur les questions d’environnement, de développement durable, d’aménagement multifonctionnel et de gestion intégrée des milieux… D’autres délaissent les milieux forestiers au profit d’objets géographiques hors de l’emprise forestière dont les préoccupations méthodologiques gravitent autour des limites et des marges des territoires biogéographiques (interfaces, écotones, lisières forestières, limites, discontinuités) nécessitant une compréhension en termes de dynamiques spatiales et temporelles (héritages et devenirs). L’étude de ces dynamiques passe notamment par la pluralité des échelles d’analyse (emboîtement et articulation entre les échelles) pour mieux appréhender la complexité des territoires et la multiplicité des jeux d’acteurs (conflits d’usages et de pratiques) située à des échelles d’intervention différentes qui révèle des fonctionnalités variées. Comment organiser la multifonctionnalité et la gestion intégrée des territoires forestiers dans un contexte évolutif (changement climatique, modification de la productivité des sylvosystèmes, augmentation des risques encourus, impact d’une éventuelle crise énergétique, modifications géopolitique et démographique…) ? De nouvelles orientations de la recherche en biogéographique intégreront-elles les effets du changement climatique ?
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