Qualitatif et quantitatif dans l'histoire de l'électromagnétisme,
L’histoire de la naissance et du développement de l’électromagnétisme au XIXe siècle offre l’exemple d’une fécondation croisée de perspectives théoriques et pratiques faisant appel, ou non, à la quantification.
À la fin du XVIIIe, Coulomb, en France, étend les lois de Newton à l’électricité et parvient à montrer que la force exercée par un courant électrique varie inversement avec le carré de la distance. Dans un pays influencé par la Naturphilosophie et cherchant d’autres voies que celles empruntées par Newton pour expliquer la nature, Oersted remarque qu’un courant électrique dévie une boussole perpendiculairement aux corps en interaction, selon donc des forces qui ne peuvent être newtoniennes. Ses expériences surprennent Arago, qui les communique à l’Académie des sciences. Elles sont alors reprises, développées et quantifiées avec précision par Ampère. Faraday, qui n’entend rien aux mathématiques, augmente considérablement, par empirisme, les applications des influences mutuelles de l’électricité et du magnétisme, les explique qualitativement en faisant intervenir une influence qui se propage dans le milieu séparant les corps en interaction. Maxwell se saisit de cette idée, formule le concept de champ, parvient à le mathématiser, puis à déduire de cette mathématisation que la lumière est un champ électromagnétique.
Bernard Maitte est Professeur émérite à l’université de Lille. Fondateur et premier directeur du Forum des Sciences, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Histoire de l’arc-en-ciel (Seuil) et Une histoire de la lumière de Platon au photon (Seuil)
Daniel Hennequin est physicien, chercheur au CNRS, au laboratoire PhLAM (Physique des Lasers, Atomes et Molécules) de l’Université de Lille. Il est président de la commission Culture Scientifique de la Société Française de Physique et président de la section Hauts-de-France de la Société Française de Physique