Croissance des inégalités et transformation des professions : comment repenser les métiers des services « non qualifiés » ?
Les mutations de l’emploi depuis trente ans ont été marquées par la croissance des inégalités. Le développement d’une « économie de la connaissance » s’est certes traduit par la croissance d’emplois très qualifiés (cadres et ingénieurs) mais il s’est aussi accompagné d’un maintien voire d’un renouveau d’emplois peu qualifiés. Ce phénomène de « polarisation » a été étudié tant aux États-Unis qu’en Europe mais les analyses traditionnelles s’appuient essentiellement sur les transformations technologiques qui ont touché l’industrie. Pourtant, une grande partie des métiers du « bas de l’échelle » (aides à domicile, nettoyeur.euse.s, agents de services, assistant.e.s maternel.le.s) en croissance sont des professions féminines, majoritairement dans les services et ces dernières sont souvent oubliées dans les analyses de la polarisation. Or leur développement n’est pas indépendant des politiques publiques mises en œuvre. Bien au contraire les faibles salaires dans ces services résultent d’un ensemble de mécanismes qui sont le fruit d’une construction sociopolitique et socioéconomique. La mauvaise qualité de ces emplois relève ainsi de stratégies publiques comme privées : déni des pénibilités et des compétences mobilisées, dérégulation et division de la main d’œuvre, construction d’un « excès de main d’œuvre » empêchent ainsi une progression durable de la qualité de ces emplois. D’autres voies d’organisations et de structuration sont cependant envisageables.
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