Rencontre : Emma Becker
Prix du Roman des étudiants France Culture - Télérama.
Rencontre avec Emma Becker.
La Maison est une autofiction d’Emma Becker publié en 2019 chez Flammarion. Cette « chronique documentaire » émane d’un « projet littéraire » de l’écrivain, plus « roman » que « récit ». Télérama parle d’une publication qui « unit l’enquête littéraire, le journal et le recueil de nouvelles ». L’ouvrage relate, avec quelques libertés d’écriture ainsi qu’une pincée d’humour et de légèreté, les deux ans et demi que l’auteure passe à se prostituer en Allemagne sous le pseudonyme de Justine. Ce roman s’inscrit dans une nouvelle vague féminine apparue suite au mouvement #MeToo. Il est une « ode aux femmes » exerçant ce métier.
Elle y raconte son activité de travailleur indépendant, légale depuis 2002 pour ce pays, dans différents bordels berlinois, ses clients, ses collègues, ses chambres aux décors variés et toutes sortes de détails. Elle travaille alors successivement dans deux établissements différents, Le Manège, lieu glauque, puis La Maison. Mais également, elle décrit « le désir masculin sous toutes ses formes » avec « un regard féminin sur la détresse sexuelle masculine » comme l’écrit le quotidien canadien Le Devoir. Avec sa « fascination d’ordre sociologique », elle explique que « le monde de la prostitution m’a toujours beaucoup attirée », « j’ai eu envie de raconter ce qui se passe dans ces maisons-là. Avec un regard de femme » ; « je voulais faire l’expérience de cette condition très schématique : une femme réduite à sa fonction la plus archaïque, celle de donner du plaisir aux hommes. N’être rien d’autre que cela. » L’écriture lui sert d’alibi, de prétexte et lui permet de se protéger, de garder une distance suppose L’Obs. Son expérience, loin de tout fantasme personnel et qu’elle dit avoir bien vécu, change son rapport au sexe ; cette introspection doit à l’origine durer un an, mais se prolonge, l’auteur disant avoir trouvé « un super compromis puisque j’étais payée pour écrire mon prochain livre », « j’avais à la fois le sujet de mon troisième livre et mon gagne-pain ».
Emma Becker précise que son « livre n’est absolument pas une apologie de la prostitution en tant que telle » et qu’elle n’a « jamais prétendu que [son] roman englobait toute la prostitution », mais prône une légalisation de cette activité en France.