COLLOQUE INTERNATIONAL - HOMMAGE A YVES REUTER Invention d’espaces de travail entre chemins individuels et pistes collectives
HOMMAGE Aux travaux d’YVES REUTER
Un hommage à Yves Reuter aurait pu s’appuyer sur les travaux qu’il a menés, sur les concepts qu’il a élaborés. Cet hommage-là lui sera rendu au travers de publications. Nous avons choisi de nous appuyer sur une autre dimension de son travail. En effet, il n’a cessé de concevoir des dispositifs dans le cadre des formations universitaires et académiques et dans celui de la recherche, dispositifs qui ont permis des situations de travail collectif (voir, par exemple, le séminaire sur les méthodes de recherche en didactiques). Ces dernières se nourrissaient et nourrissaient à leur tour les travaux individuels. Il n’a cessé aussi de penser et d’entretenir des situations d’accompagnement aussi bien avec ses étudiants qu’avec ses collègues, à la fois par ses questionnements, par ses lectures et relectures attentives et incessantes et par ses écrits dont il a travaillé sans cesse la lisibilité. Il a également consacré une grande partie de ses études à décrire et à comprendre les espaces de travail individuels et collectifs que proposent les pédagogies alternatives.
Ce sont ces inventions d’espaces de travail et les formes d’accompagnement générées par ces espaces qui sont au cœur de la thématique de ce colloque.
Nous avons choisi le terme d’accompagnement, pour sa résonance interdisciplinaire, afin de permettre les débats et les réflexions sur ces relations qui se nouent, se défont, s’épuisent ou se renforcent, entre sujets de positions « inégales » ou différentes (doctorants et directeurs de thèse, maîtres et élèves, tuteurs et stagiaires...) mais aussi entre pairs (chercheurs dans une équipe de recherche ou élèves dans une classe, par exemple). Ces relations dynamiques rendent compte des contenus que les uns et les autres construisent et élaborent. Elles se développent dans des espaces de travail toujours réinventés.
Dans le cadre de ce colloque, nous centrerons nos réflexions sur trois éléments de ces espaces de travail et d’accompagnement qui nous paraissent particulièrement importants : les questionnements, les lectures et les écritures. Nous proposons de les organiser selon deux axes.
Le premier est celui des espaces dans lesquels se situe ce travail collectif : il peut s’agir en effet de l’espace de la recherche scientifique, mais aussi de celui de la classe ou de la formation : comment ces espaces rendent légitimes, autorisent, empêchent, rendent audibles ou non, certains questionnements, certaines formes de lecture et d’écriture ? Etc.
Le second axe est celui des tensions que ce travail collectif génère – éventuellement – entre les chemins individuels et les pistes collectives : comment les questions individuelles, spécifiques se confrontent, se heurtent aux questions communes, partagées ? Comment des lectures multiples peuvent entraver le sens ? Comment penser, gérer des écrits collectifs ? Etc.
Pour chacun de ces axes, différentes questions peuvent être abordées, par exemple, dans le cadre du premier axe :
- En quoi ces espaces de travail collectif sont-ils nécessaires à la recherche scientifique ? Et quelles formes prennent-ils ? Quelles théorisations, a priori et a posteriori, permettent-ils d’expliquer et de comprendre les décisions qui les ont fait naître, les essais qui les ont actualisés, les erreurs et les succès qu’on leur reconnait ? Qu’est-ce qui apporte de nouvelles connaissances : les résultats d’un travail de recherche ou la communauté des autres chercheurs qui y voient une connaissance nouvelle dans les résultats présentés ? Toutes les recherches, toutes les thèses produisent-elles de nouvelles connaissances, ou sont-elles de nouveaux regards sur des connaissances déjà là ? Etc.
- Dans la classe : quels sont les espaces de travail collectif prévus, aménagés ou imprévus, éphémères ? Varient-ils selon les disciplines scolaires ? Comment les élèves et les maîtres s’en emparent-ils ? Quels dispositifs (au sens large du terme) permettent aux élèves de (se) questionner, d’écrire un texte collectif ou individuel ? Quels traitements des réponses, des écrits produits sont envisagés ? Comment les tâtonnements, les doutes, les peurs, les erreurs sont-ils traités ? Etc.
Dans le cadre du second axe, nous proposons, à titre d’exemple, quelques éléments pour penser les tensions éventuelles entre chemins individuels et pistes collectives :
- Les questions dans ces espaces de travail : comment gérer dans des équipes de recherche, les questions individuelles de chacun des chercheurs et les questions collectives sur lesquelles les équipes s’engagent et s’affichent ? En classe, comment les questions singulières d’un élève peuvent-elles être reprises ou abandonnées ?
- Les lectures dans ces espaces de travail : si lire est toujours une rencontre avec l’autre et avec soi, comment se croisent les parcours de lecture individuels et collectifs, dans les recensions des ouvrages, dans les citations, etc. ? Comment construire son propre chemin en se nourrissant des autres ? Comment la reformulation de l’autre me permet-elle d’avancer ? En quoi ces processus éclairent-ils le monde de la recherche, de la recherche en sciences de l’éducation, en didactiques ? Comment, là encore, lectures singulières et collectives se partagent-elles en classe ?
- Les écritures dans ces espaces de travail : tant dans le monde de la recherche que dans celui de la classe, l’écrit dit, structure, donne à voir. Comment entrer dans les écritures collectives ? Comment les donner à lire, les analyser de façon plurielle ? Quels statuts ont les écritures collectives ? Quels sont les risques que prennent les élèves ou les chercheurs en proposant leurs écrits à la lecture ?
Comment ces risques sont-ils pris en compte ?
Cet appel à communication se veut particulièrement ouvert pour permettre aux chercheurs en didactiques, en sciences de l’éducation, aux professionnels de l’école et de la formation de se saisir des questionnements présentés afin d’y enraciner leurs propositions. L’invention est au cœur de cet appel. C’est l’action d’Yves Reuter en tant de chercheur et formateur qui a inspiré cette thématique, les communications peuvent entrer en dialogue avec ses travaux ou investir l’espace de questionnement de ce colloque pour ouvrir de nouvelles pistes