Regards croisés sur les jeux d’acteurs
Une autre économie : vers une dialectique entre l’énergie et la société
La crise du pétrole qui se profile, la pollution et les changements climatiques, ont poussé les gouvernements, les entreprises et les individus à concevoir de nouvelles politiques, de nouveaux objets/produits et de nouvelles manières de les commercialiser - généralement sous l’étiquette de « l’économie verte » (ou économie durable). Les changements qui sont envisagés dans la «révolution verte» requiert une nouvelle vision plus large qui associe l’économie de techniques énergétiques avec l’économie socio- culturelle relative, qui est induite par les techniques, mais qui, dans le même temps, influence réciproquement les transformations simplement techniques. Sur la base des théories du changement socio-technologique, la présentation mettra au centre de son sujet, le concept de subjectivation en sciences sociales. Il s’agit d’une compréhension théorique des changements culturels et de leur relation avec les transformations dans les pratiques de production, de transfert et d’utilisation/usage de l’énergie. La première partie de l’article proposera un schéma de subjectivation en triangularisation, qui relie le niveau biologique avec la culture matérielle et avec le champ représentationnel des normativités dans notre société. Nous développerons, dans ce cadre, l’exemple du véhicule électrique. À travers cette compréhension, la deuxième partie traitera de la modélisation de ces trois éléments comme un système énergétique processuel, en utilisant le concept de dépense et d’excès. Nous montrerons notamment comment des perturbations dans l’un des pôles de ce modèle de triangularisation, influence les autres pôles et apporte ainsi des changements dans l’ensemble du complexe anthropo-social. La troisième partie discutera des types potentiels de subjectivités émergentes, et avancera l’idée d’approfondir la connaissance et la conscience des transferts énergétiques entre les systèmes, à partir d’une sémiologie qui combinerait les différentes formes d’énergie.
Sortir de l’addiction au charbon ? Transition énergétique et pouvoir d’État en Afrique du Sud
Depuis la crise du système électrique survenue en 2008, le pouvoir d’État sud-africain s’est engagé dans un chemin de transition énergétique, plus précisément dans un changement de la composition des sources d’énergie primaire permettant de modifier graduellement le système national de production d’électricité. Compromis instable et périodiquement ajusté, le plan national intégré des ressources prétend promouvoir une transition sans que le poids du complexe minéralo-énergétique, fondement structurel de l’accumulation sud-africaine, soit restreint et en conservant la subordination à l’État du dispositif institutionnel énergétique. Au-delà de l’essor de filières non-carbonées, le gouvernement fait surtout le pari d’innovations technologiques (charbon propre) et de la diversification des sources d’énergies fossiles (gaz, gaz de schiste), l’option nucléaire demeurant discutée. Toute sortie de l’addiction au charbon, qui est aussi une ressource politique essentielle pour les élites noires de l’ANC, engagerait bien plus qu’un simple choix technique et c’est en réalité le ‘régime technopolitique’ qui est aujourd’hui en cause.
Transition énergétique et aide à la pierre dans le secteur résidentiel : l’exemple des propriétaires occupants dans l’habitat ancien dégradé de Lille Métropole
L’objectif de cette contribution est de montrer qu’avec la rénovation thermique des logements, la transition énergétique se joue également à domicile. Le secteur résidentiel est le premier poste de consommation d’énergie en France et le premier émetteur de gaz à effet de serre (GES). Le secteur du bâtiment est donc l’un des points névralgiques de cette transition (MEDDE, 2013). L’objet de l’étude est le logement ancien détenu par des propriétaires occupants touchés par la précarité énergétique. La lutte contre cette précarité dans l’habitat ancien fait appel à de nombreuses compétences : sociales, économiques, environnementales, habitat. L’enchevêtrement des compétences entre les institutions induit des conditions d’éligibilité diverses, des financements croisés et une ingénierie dispersée qui perturbe la lisibilité des dispositifs pour l’habitant. Il s’agit donc de montrer la diversité et la complexité des dispositifs d’aide, au regard du « millefeuille » administratif français, qui bien qu’en cours de réforme, peine à créer de la lisibilité, de l’efficacité et de l’efficience. Afin d’illustrer ces propos nous prendrons l’exemple de la Métropole Européenne de Lille, « chef de file » en matière d’habitat sur son territoire.