Du Nil au désert. Faune et flore de la vieille Égypte par Jean-Claude Goyon
Les conférences du Learning Center-Jean-Claude Goyon, Professeur émérite de l’Université Lyon 2
Plus de trois millénaires durant, le paysage et le peuplement animal et végétal de la Vallée égyptienne du Nil ont subi un profond bouleversement sous l’effet des modifications climatiques et de l’extension de la présence et des activités humaines. Si le cadre géographique général n’a pas changé, ce n’est plus que dans ses lointains déserts orientaux que le pays actuel préserve encore quelques souvenirs de l’apparence originelle du milieu qui entourait les Anciens Égyptiens. Ils nous en ont transmis la mémoire par les images et l’écriture même de leurs textes. Les animaux et les plantes dont ils étaient familiers ont presque tous disparu de nos jours. Zones boisées et fourrés de papyrus ne figurent plus que dans les images du passé. En redécouvrant tout cela, c’est un mode de vie trop oublié qui se révèle. S’avançant parfois loin dans les savanes désertiques, les hommes d’alors savaient tirer parti de toutes les ressources d’une nature alors très riche, tirées de la chasse et de la capture de nombreuses espèces sauvages dont ils tentèrent longtemps la domestication. Il faut aussi se souvenir du caractère unique de l’étroite vallée du Nil égyptien recouverte quatre mois durant par les eaux de la crue d’été du fleuve. Sur celui-ci et ses rives, la pêche et la prise au filet de la sauvagine, le harponnage des hippopotames, étaient source abondante de nourriture. Ce temps de l’inondation libère l’habitant de la Vallée du devoir de cultiver la terre et le rend à ses coutumes de chasseur pêcheur. Les premiers égyptologues ont parfois méconnu cet aspect essentiel de la vie de la vieille Égypte. Mais, dès le début du XXe siècle, le savant français Victor Loret montra la voie des recherches sur la flore et la faune pharaonique qui fondent toute notre connaissance actuelle sur un univers antique qui fascine nos contemporains.