Créer une mesure du travail (17e s. - 18e s.) : Entre physique et société
A l’aube du 18e siècle, à l’Académie Royale des Sciences de Paris, apparaissent des démarches et les ébauches d’un concept qui aboutiront plus d’un siècle après à l’entrée du concept de travail mécanique dans la physique théorique. Je m’attacherai donc ici à retracer cette filiation en examinant les oeuvres de savants aujourd’hui presque oubliés, tels que Guillaume Amontons et Antoine Parent. Nous verrons ensuite comment et pourquoi le concept commence à se développer au premier 18e siècle dans cet environnement, comment il est ensuite repris, enrichi, modifié par Pitot, Bélidor, Desaguliers, D. Bernoulli, et comment au contraire ce concept semble ignoré de savants plus théoriciens tel que D’Alembert. Le rôle de la rupture de la vision statique de la machine! semble déterminant. Apparaît alors la forte dépendance de ce concept aux problématiques qu’il permet de résoudre, axées sur la quantification et l’optimisation de l’effet des hommes, des animaux et des machines en situation laborieuse, et leurs comparaisons mutuelles dont l’une des finalités est la recherche du profit économique. On suggère alors que la légitimité du concept tient dans sa pertinence à rendre compte du travail des agents producteurs. Il s’agit enfin ici de recréer l’épaisseur du réel derrière les concepts et les problématiques, en montrant ce qu’ils doivent aux stratégies gouvernementales et aux pratiques d’ingénieurs.
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