Mutations de la société, logiques d’insertion et production normative du travail social
Il faut partir d’une pensée ordinaire : le travail social travaille (sur) le social, mais sur ce qui ne paraît plus faire social du point de vue des logiques dominantes. À des modes d’existence indésirables, le travail social substitue l’horizon de normes désirables de vie. Cependant, les mutations qui affectent la société, à partir des années 1960, modifient les normes de l’existence £ sans guère de critique, le travail social dans l’émergence du paradigme d’action qu’est l’insertion accompagne une production normative inédite, celle de la fabrique de soi comme singularité autonome, responsable de soi, contre l’illégitimité d’une vie assistée. Une telle évolution n’est pas sans paradoxes lorsque manquent les supports de cette vie décente – le travail, l’inscription dans des collectifs, les conditions matérielles de vie – alors que s’efface la responsabilité de la société. S’instaure ainsi un régime d’ « autonomie assistée » où, sous la vigilante attention du travail social, incapable de fournir ces supports, les usagers doivent sans cesse donner la preuve qu’ils consentent au contrat qui leur est soumis et se prennent en charge.
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