Frontières et construction des nations en Asie centrale
Plusieurs milliers de kilomètres de frontières internationales sont apparus au coeur de l’Asie quand, en 1991, les pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan) ont accédé à l’indépendance. Ces nouveaux Etats ont dû composer avec cet héritage politique et territorial soviétique complexe – les nouvelles frontières possèdent souvent des tracés alambiqués qui partagent des régions unies jusqu’alors et produisent des situations d’imbrication spatiale contradictoires avec l’exercice de la souveraineté. Dans le cadre des politiques de construction nationale, ils ont toutefois instrumentalisé les nouvelles limites pour affirmer leur indépendance et leur cohésion en exploitant les dimensions pratiques et idéologiques des frontières. Cette mise en œuvre des frontières internes à l’Asie centrale a conduit au cloisonnement de la région : la nouvelle carte politique s’ancre, non sans difficultés, dans le paysage, dans les mobilités et les identités, au détriment des politiques d’intégration régionale, cependant que l’ouverture de l’ancienne frontière méridionale de l’URSS permet l’insertion internationale des républiques d’Asie centrale.
-
Téléchargements
-
-
Liens