Laîcité et République (1905 - 2005) (Table ronde)
Catherine Kintzler. Tolérance et laïcité : deux dispositifs de pensée
La distinction entre tolérance et laïcité tend parfois à s’estomper au profit d’un modèle fondé sur la coexistence de communautés, modèle qui suppose un alignement de la pensée politique sur l’état des sociétés. Or la laïcité « à la française » relève d’un dispositif de pensée très différent, qui repose sur une conception minimale du politique fondamentalement étrangère à toute obligation d’appartenance. On s’appliquera à caractériser ce dispositif et à montrer qu’il engage cinq conséquences paradoxales :
- une société ne peut être que tolérante, seule une association politique peut être laïque,
- la laïcité a pour opposé direct la religion civile et non les religions,
- dans une association laïque, le principe de la dissolution du lien social est constitutif du lien politique,
- la laïcité ne supposant pas des parties prenantes préexistantes, il n’y a pas de pacte ni de contrat laïque,
- elle n’est pas non plus un courant de pensée au sens ordinaire du terme. Il ne saurait y avoir d’« intégrisme » laïque.
On s’attardera finalement sur une sixième conséquence – le principe d’abstention ou de réserve frappant l’espace producteur du droit – qui soutient la laïcité scolaire et dont on tirera une réflexion sur le concept des humanités.
Jean-Paul Scot. La loi de 1905 est le résultat du long processus de laïcisation de l’État et de sécularisation de la société. Le principe de séparation des Églises et de l’État, affirmé dès la Révolution française, a dû être l’objectif des républicains au XIXème siècle. La séparation a été imposée par un puissant mouvement populaire et l’union, au-delà des divergences politiques et philosophiques, de tous les républicains laïques après l’Affaire Dreyfus. La loi consacre les principes de la liberté de conscience et d’égalité des droits de toutes les croyances et opinions. Les Églises se voient garantir la liberté de culte et l’État souverain se détermine librement sans référence à une croyance. Cette loi est ainsi devenue une loi quasiment organique de la République française et la laïcité fut reconnue comme principe constitutionnel de la France en 1945 et 1958.
Bernard Stasi. Il s’agira de rappeler dans un premier temps les raisons et les circonstances pour lesquelles le Président de la République a décidé de mettre en place une commission indépendante chargée de faire le point sur la laïcité dans l’espace public, commission dont il m’a confié la présidence. Ensuite, je rappellerai les conditions et l’esprit dans lesquels a travaillé cette commission et enfin ses propositions.
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