Psychiatrie et addictologie : enjeux normatifs et institutionnels des coopérations / Les 8èmes assises de l’addictologie
La construction et la légitimation du paradigme de l’addictologie en France s’est concrètement matérialisée par la traduction d’un concept médical en une catégorie d’action publique. La domination progressive d’une conception neurobiologique et cognitivo-comportementale de la dépendance sur une approche psychanalytique, conjuguée au développement d’une épidémiologie de la consommation de drogues ont concouru à l’émergence du problème des “addictions”. Par ailleurs, la santé mentale s’apparente aujourd’hui à un champ d’intervention plus large que celui des soins psychiatriques sous l’effet de plusieurs évolutions : une crise professionnelle visible depuis les années 1990 dans le monde de l’action sociale butant sur des modes d’intervention classiques convoquant des compétences psychologiques ou psychiatriques, un processus de territorialisation des politiques de santé, assorti de la problématisation de la précarité en termes sanitaires. Dans un tel contexte, la crainte historique des professionnels de la psychiatrie de se voir réquisitionnés pour une gestion du social est réactivée.
Le dernier rapport de Monsieur Reynaud préconise de “mieux articuler les collaborations entre les structures psychiatriques et addictologiques”, notamment pour pallier la sous-évaluation et la faiblesse des traitements de la dimension addictologique des patients à double diagnostic, tout comme celles de la dimension psychiatrique des patients suivis par les services d’addictologie. Nous tâcherons d’aborder les enjeux institutionnels et normatifs d’une telle proposition en la resituant dans le contexte des cultures professionnelles des deux champs d’intervention concernés.
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