La question du sens et la philosophie
Il suffit de revenir aux grandes écoles grecques pour s’apercevoir que la philosophie de ce temps-là visait un art de vivre, une manière d’accorder l’homme à sa propre finitude, une sagesse qui le soulage des angoisses liées à la mort (la sienne ou celle d’autrui) et lui permette ainsi, si ce n’est de «vaincre ses peurs», du moins de les appri- voiser en comptant sur ses propres forces de raison.
Autrement dit, la philosophie s’est longtemps préoccupée d’une question qui a pris pour nous des résonances reli- gieuse mais qui peut être posée en dehors de la foi en termes parfaitement laïques : comment faire son salut ? Luc Ferry considère d’ailleurs que cette troisième dimension de la philosophie, après la théorie et l’éthique, est la plus importante dans la mesure où elle donne leur sens aux deux autres.
Il s’agit donc pour lui de briser le monopole des religions sur la question du salut. Il l’admet clairement dans la partie du livre où il répond aux objections de son ami André Comte-Sponville. Il faut voir la philosophie pour ce qu’elle est vraiment, la grande concurrente des religions». C’est tout l’enjeu de cette spiritualité laïque dont il creuse le sillon depuis L’homme-dieu ou le sens de la vie paru en 1996. Rejetant «les transcendances de jadis» d’un côté et «la platitude radicale de l’univers démocratique» de l’autre, Luc Ferry est le philosophe d’une troisième voie.
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